Interview croisée de Marc-Edouard Bellest (SQORUS) et Thierry Branche (Smarthys) sur le pilotage de la performance
Le pilotage de la performance est un des enjeux principaux des DAF ; SQORUS et Smarthys Consulting accompagnent au quotidien de nombreuses entreprises autour de ces enjeux et problématiques.
Si les projets EPM peuvent paraître techniques ou spécifiques à la Finance au premier abord, ils sont en réalité plutôt globaux. En effet, les directions financières ont conscience que l’on ne peut pas ramener les projets EPM aux seuls besoins de fonctionnalités d’un outil, mais qu’il faut s’attacher à la cohérence de l’ensemble. En effet le pilotage de la performance est un enjeu stratégique qui va bien au-delà de la Finance, il est donc crucial de prendre de la hauteur pour sortir de la réponse aux urgences court terme et projets trop rapides, afin d’avoir une vision plus globale à moyen terme pour transformer le Système d’Information et l’entreprise sur la durée, et faire en sorte que l’EPM soit créateur de valeur et source de compétitivité à long terme.
Pour éclairer ces questions stratégiques, nous avons interrogé Thierry Branche fondateur de Smarthys et Responsable de la BU EPM du groupe SQORUS, et Marc-Edouard Bellest, Directeur des opérations, Associé fondateur de SQORUS.
Après 20 ans dans le conseil, l’audit et le contrôle de gestion, Thierry a fondé Smarthys Consulting avec la vision d’adresser tous les enjeux du pilotage de la performance dans toute l’entreprise. Smarthys a rejoint le Groupe SQORUS en 2023, et Thierry a désormais la responsabilité de développer la BU EPM du groupe SQORUS.
Marc-Edouard est Associé fondateur de SQORUS, Directeur des opérations du groupe, il accompagne depuis 30 ans les transformations des fonctions support Finance, RH et IT de l’entreprise.
SQORUS a intégré Smarthys Consulting pour apporter une réponse dédiée, spécialisée et experte aux enjeux de pilotage de la performance dans toutes les organisations. Nous complétons ainsi notre savoir-faire historique dans les projets de transformation des directions financières, RH et IT par cette brique EPM devenue indispensable
Marc-Edouard Bellest, Directeur des opérations, Associé fondateur de SQORUS
Quels sont les enjeux de pilotage des directions financières, RH et IT aujourd’hui ?
Les enjeux de pilotage dans les entreprises touchent toutes les directions ; et pour les directions métier, ils ne se limitent pas au seul pilotage des activités opérationnelles dans l’ERP (compta, achats, RH, etc.), il est de plus en plus important de le compléter par une dimension plus globale du pilotage de la performance.
Atteindre ces objectifs commence par mener des projets centrés sur la capacité de mieux travailler ensemble, d’aligner les équipes sur des processus communs. Pour cela, il est essentiel d’impliquer des opérationnels en amont et tout au long des projets afin de profiter des apports de ceux qui sont au plus près du terrain et des décisions à prendre et ainsi remonter des données qualifiées et pertinentes dans les systèmes.
Les enjeux de transformation des directions financières, RH et IT ne sont en réalité pas si complexes et tournent autour de 5 objectifs.
Moderniser les SI : les 5 objectifs principaux et essentiels à prendre en compte !
- Performance opérationnelle: réduire les temps de processus, automatiser un certain nombre de tâches, réduire les coûts de possession…
- Mieux exploiter la donnée: améliorer la qualité des données, les rendre plus accessibles aux outils et aux équipes…
- Ajouter le prévisionnel au-delà du reporting: pour mieux anticiper les scénarios de développement des activités de l’entreprise, et mieux piloter la rentabilité…
- Simplifier le côté réglementaire, normes et conformité: passer moins de temps sur ces sujets que l’entreprise ne peut pas maîtriser et qui ne sont pas toujours des sources de création de valeur.
- Intégrer de nouvelles dimensions essentielles: reporting RSE, reporting taxes, reporting des données personnelles, workforce planning (reporting entre la RH et la Finance pour mieux piloter l’affectation des ressources)…
Quelles problématiques doit-on alors prendre en compte dans le cadre d’un projet de pilotage de la performance ?
Tout d’abord, il est essentiel de décloisonner les données et les processus au sein de l’organisation. Cela implique de pouvoir échanger efficacement des données entre les différents outils et systèmes en place, tout en tenant compte du patrimoine IT existant, qui peut comporter des dettes techniques et des solutions Legacy à moderniser.
En effet, nous observons souvent que les organisations se trouvent limitées par des outils Legacy trop rigides ou trop coûteux à maintenir. Cela peut entraîner une adaptation de l’organisation aux outils plutôt que l’inverse, ce qui compromet la flexibilité et l’agilité nécessaires pour répondre aux besoins évolutifs de l’entreprise.
Un autre défi majeur réside dans la gestion des connaissances au sein des équipes, notamment face aux turnovers qui peut entraîner une perte de savoir-faire sur les outils et les systèmes en place. Il est crucial de mettre en œuvre des solutions pour préserver et transférer ces connaissances afin de maintenir la continuité et l’efficacité des opérations.
C’est pourquoi il nous paraît crucial de saisir le momentum actuel sur le marché pour adopter de nouveaux paradigmes de gestion et d’outils technologiques. Les solutions de pilotage de la performance doivent non seulement soutenir les objectifs stratégiques de l’organisation, mais aussi contribuer activement à l’amélioration continue des processus afin d’optimiser les performances globales.
C’est donc le bon moment pour évoluer et moderniser sa démarche de pilotage de la performance ?
Oui et il est important de rappeler qu’une transformation c’est toujours 3 briques qui sont traitées ensemble : organisation – processus – outils.
Cependant, de nombreux freins peuvent se dresser : la capacité des personnes à communiquer, le manque de transversalité dans les projets et ces fameux outils Legacy. Un système ancien est souvent verrouillé, il limite l’agilité des entreprises et les outils impactent alors l’organisationnel.
Quand on fait évoluer les processus, l’organisation et les collaborateurs doivent suivre ; autant que les outils. Il est alors essentiel de se doter de moyens adaptés pour adresser les objectifs de départ. Les projets transverses doivent être adressés par des équipes pluridisciplinaires pour faire évoluer les habitudes de travail, accompagner le changement… Mais une telle démarche ne sera pas possible si on conserve une dette technique trop importante (développements spécifiques, outils en fin de maintenance, processus spécifiques, ou SI dans Excel par exemple…) qui grève systématiquement l’évolutivité des SI et plus largement des entreprises.
Tout l’intérêt des nouvelles plateformes EPM réside dans le fait de faire converger les collaborateurs autour de processus communs, réunissant par exemple la consolidation et le reporting de gestion, financier et même extra-financier. Ces nouveaux outils démultiplient le champ des possibles, ils sont capables de répondre plus simplement et plus rapidement aux objectifs de départ. Ils deviennent souvent des accélérateurs pour faire évoluer l’organisation et les processus.
Thierry Branche fondateur de Smarthys et Responsable de la BU EPM du groupe SQORUS
Est-ce que cela modifie la manière d’appréhender le choix d’un EPM plus large et pas centré sur une fonctionnalité ou un besoin ?
Le choix de l’outil EPM doit s’inscrire dans cet enjeu de réflexion globale, d’alignement des processus et des outils pour décloisonner le bon fonctionnement des entreprises en matière de pilotage de la performance sur le long terme.
Il est aisé de répondre rapidement à un besoin spécifique en optimisant la performance opérationnelle à court terme ; mais on en oublie alors les impacts à long terme et le cloisonnement. Répondre à ce besoin avec des solutions Best of Breed très spécialisées ne fera pas rayonner l’EPM dans tout le SI et dans tous les services.
Il ne faut donc pas rester siloté, mais élever le niveau, prendre de la hauteur sur les sujets et équilibrer la réponse aux besoins court terme avec une vraie vision long terme sur tous les aspects :
- Alignement des équipes
- Processus communs et partagés
- Outils rationalisés
- Optimisation des coûts de possession
Les nouvelles générations d’outils de type « plateforme » permettent de répondre à cet enjeu de réflexion globale comme Oracle EPM par exemple, avec sa plateforme Cloud qui propose une expérience utilisateur plus unifiée et une administration simplifiée des différents outils, ou OneStream qui permet également d’optimiser les processus et le pilotage de la performance au sein d’une plateforme moderne et unifiée . Et il existe bien d’autres solutions innovantes !
Pour finir, quels conseils partager auprès des organisations qui veulent moderniser leur pilotage de la performance ?
Il est essentiel de remettre l’organisation cible et la vision de l’entreprise au premier plan et au cœur des projets, pour ne pas se contenter des seules visions fonctionnelles et techniques comme on le voit trop souvent dans les cahiers des charges.Sinon le vrai risque est de se retrouver dans la même situation dans 3 à 5 ans.
C’est donc une dose de courage et une pointe de discernement qui sont nécessaires aujourd’hui pour mettre en œuvre des projets concrets, basés sur des choix rationnels et créateurs de valeur sur le long terme.